18/05/2010
Jeune, toi-même
Ainsi donc tu serais le diable en personne! C’est du moins ce qu’affirme la tenancière du bar d’à côté, mais aussi le boucher, le marchand de journaux, le boulanger et même le vieux clochard du marché, toujours planté à la même place, derrière les étals de fruits un peu trop mûrs et celui des poissons à l’œil voilé de froid. A les entendre, tu serais le petit caïd sans scrupules qui terroriserait tout le quartier. Tu ferais la pluie et le beau temps sur la place dès la nuit tombée, entouré de ta bande. Tu monterais toutes sortes de petits plans pour dévaliser les vieilles dames, tu casserais les carreaux pour t’introduire dans les appartements et tu fuirais, à chaque fois, à grandes enjambées, à l’approche des sirènes de police… En gros, tu es un petit c…, fini, cramé. Une vraie enflure qui aurait bien sa place en taule ou dans un centre de redressement. Mais alors qui est ce charmant jeune homme que j’ai rencontré l’autre jour, sortant de la bibliothèque municipale, les bras chargés de livres ? Tu sais, celui qui me parlait de sa maman adorée qui se saigne aux quatre veines pour lui payer une école privée ainsi que tout ce dont il a besoin ? De son père parti « acheter des cigarettes » quand il avait cinq ans et dont il attend toujours le retour ? Où es passé ce garçon amoureux que j’ai croisé avec son joli bouquet de fleurs le jour de la Saint-Valentin ? Celui qui rêve d’être un jour docteur, de partir avec Médecins du Monde « pour aider ceux qui souffrent à travers le monde » ? En somme, es-tu l'ange ou le démon? Peut-être es-tu les deux à la fois et que tout ne serait qu'une question d'angle de vue ou de lecture ? Qui sait ? Tu restes en tout cas un mystère. Un bon client, sans doute, pour les statistiques, voire même un cas d’école, à l’heure où les « jeunes » semblent devenus l’un des sujets de préoccupation des politiques, où les « ados » intéressent tant les psys et toutes sortes de spécialistes, où ils font la une des journaux et sont au cœur de nombreux programmes de chaînes de télévision. Quant à moi, je n’y comprends rien. Tant pis.
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