29/12/2006
Danse entre les balles
« Pas de nouvelles, bonnes nouvelles », comme on dit. Tout va donc très bien, merci. Enfin presque. Car, récemment, celles que j’aurais pu vous livrer, si l’occasion m’était donnée, depuis un joli coin d’Afrique que j’aime particulièrement, n’étaient pas toutes des plus agréables. Il s’agit d’une escapade à Ouagadougou. Vous savez, la capitale du « Pays des hommes intègres », le Burkina Faso, où je suis allée couvrir la naissance de La Termitière, le premier Centre de développement chorégraphique africain. Initié par deux enfants du pays -Seydou Boro et Salia Sanou, deux chorégraphes de réputation internationale qui oeuvrent depuis des années en faveur de la professionnalisation de l'art chorégraphique en Afrique-, ce bel édifice dédié à la danse contemporaine mais aussi à d'autres disciplines artistiques est situé dans l’un des quartiers populaires de la ville. Son inauguration en grande pompe marquait également le début de la sixième édition de la biennale « Dialogue de corps », l’un des plus intéressants festivals internationaux du genre dans la région, dont les deux compères sont à l'origine. Tout avait donc si bien commencé et la fête promettait d’être belle. Seulement voilà. Trois jours après que les premières compagnies invitées se sont déployées sur les planches de la très belle salle de spectacle toute neuve, Ouagadougou s’est mis à vibrer non plus, hélas, sur les pas de danse, mais plutôt sous le bruit des bottes et des mitraillettes. Une pluie de tirs, de balles et de terreur déversée par les militaires en riposte à une fusillade menée contre eux la veille par des éléments de la police. Bilan de ces folles nuits du 19 et 20 décembre derniers : 6 morts (plus du double selon l'homme de la rue), des bâtiments publics saccagés, quelques magasins pillés, des véhicules et des commissariats incendiés et quelques centaines de détenus dans la nature. Difficile pour les organisateurs du festival de poursuivre la manifestation sous le couvre-feu alors imposé. Néanmoins, une fois ce dernier levé, toutes les compagnies ayant fait le déplacement d'Afrique, d'Europe et d'Amérique se sont unies par solidarité et ont présenté, chacune, un large extrait de leur travail. Afin de finir, malgré tout, en beauté et faire triompher l’art face à la bêtise des hommes.
15:10 Publié dans Ailleurs si j'y suis | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Chaque bruit de balles nous entraîne vers les rives du silence. Chaque respiration. Chaque rêve. Chaque soupir d'âme. Précieusement au fond de nos coeurs nous palpitons de nos vies de guerrières de mots. Tu as vu, vaincu ce moment, senti jaillir dans tes tripes la révolte sourde de nos engagements intellectuels. J'aime que tu le livres ainsi dès ton retour. Mots en miettes. Mots en apothéose. Pour la paix, l'huamnité, l'humanisme, le partage, la solidarité...
Merci...
Un grand merci !
Écrit par : Sonia Bressler | 30/12/2006
Merci à toi, l'amie des bons et des mauvais jours. Plein de bises et de courage pour tout. Que du bon pour ce soir et pour après. Toujours. A très vite.
Écrit par : sittilieuze | 31/12/2006
bonjour .....je passe
un blog interessant ....
c'est assez rare
bonne soirée
Écrit par : bernard | 23/01/2007
Merci Bernard d'être passé. Ca me fait très plaisir. Après un petit tour chez toi, à l'instant, je constate que le tien n'est pas mal non plus. A bientôt
Écrit par : sitti | 24/01/2007
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