UA-81212656-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

31/12/2006

Mes aventures burkinabées

Ce n’est pas vraiment une suite de ma dernière petite virée mouvementée au Burkina Faso car, l'histoire qui suit date d’environ 10 ans. Je m'y trouvais alors pour la sixième fois consécutive, et cette fois-là, dans le cadre du célèbre Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Faut que je vous dise tout de suite que j’ai la "fâcheuse" habitude, lorsque je suis en reportage dans un pays ou un autre, de faire une entorse au cadre déterminé au départ, pour partir un peu à l’aventure, au gré de mes envies et de mes rencontres. Et des opportunités que m’offrent souvent les situations. Sans doute ne dois-je pas être la seule à agir de la sorte et c’est tant mieux. Une fois de plus donc, j’avais faussé compagnie à mes petits camarades et me suis envolée à bord d’un petit bi-moteur tout rouillé, piloté par un jeune aventurier français installé depuis peu dans le pays. Direction, Bogandé, à l’Est, en pays Gourmantché, une région enclavée, pourvue, en tout cas à l’époque, de peu de structures sanitaires et de beaucoup d’handicapés moteurs notamment à cause de la polio. J’ai visité un Centre de rééducation et d’appareillage créé par une organisation non gouvernementale : Action de Solidarité Internationale (ASI) dont l’un des objectifs est de traiter les patients, bien sûr, mais aussi de leur permettre une réinsertion dans leur milieu social. Ce qui m’a le plus touchée est la possibilité donnée aux jeunes handicapés, jusque-là laissés-pour-compte, de se prendre en charge, d’apprendre un métier, comme celui de fabriquer et de changer eux-mêmes leur propres prothèses ou leur chaises roulantes. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance d’Adama, 20 ans qui, pour la première fois de sa vie, pouvait se déplacer d’un coin à l’autre dans son village, sans demander de l’aide. Un sacré bonhomme qui m’a entraîné dans l’atelier de soudure où il était apprenti afin de m’initier, bien vainement d’ailleurs, aux secrets de sa « débrouillardise ». Un magnifique beau parleur qui se lamentait, entre autres, de ne pouvoir me présenter à sa fiancée. J’ai été frappée par sa joie de vivre, ses yeux qui riaient même si, parfois, ce qu'il racontait était loin d'être drôle, son optimisme et sa rage de réussir. Je suis sortie de là, regonflée à bloc. Envolés, mes petits soucis de maux de tête, de fièvre et d’intoxication alimentaire. Au retour le soir, dans la capitale, je devais assister à un défilé de mode, présenté devant un parterre d’officiels, de toute la crème ouagalaise et des journalistes. Et allons-y pour les paillettes, les discours… Tout ceci m’a semblé, tout d’un coup, tellement dérisoire que j’avais presque honte d’être là. Mais c’est comme ça. Une fois en France, j’ai juste fait un petit article dans mon journal sur cette expérience en catimini. Autrement dit, pas grand chose. Dernièrement, lorsque je me suis retrouvée à nouveau dans ce pays, j’ai regretté de n’avoir pu retourner voir Adama et ses amis. Peut-être est-il marié aujourd’hui et a-t-il des enfants qui courent dans son propre atelier ? C’était en tout cas son projet et j’espère de tout cœur qu’il l’a réalisé. J’ai fait, heureusement, cette fois encore, à Ouaga, d’autres rencontres improbables tout aussi passionnantes. Comme celle d’Antoine, Dieudonné et Isidore. Des p’tits bouts de 11, 10 et 8 ans dont je vous parlerai avec plaisir dans les prochaines notes. Bon réveillon ainsi que le meilleur pour l’année qui commence. Et que l’amour vous anime et vous guide dans tout ce que vous allez entreprendre.

29/12/2006

Danse entre les balles

« Pas de nouvelles, bonnes nouvelles », comme on dit. Tout va donc très bien, merci. Enfin presque. Car, récemment, celles que j’aurais pu vous livrer, si l’occasion m’était donnée, depuis un joli coin d’Afrique que j’aime particulièrement, n’étaient pas toutes des plus agréables. Il s’agit d’une escapade à Ouagadougou. Vous savez, la capitale du « Pays des hommes intègres », le Burkina Faso, où je suis allée couvrir la naissance de La Termitière, le premier Centre de développement chorégraphique africain. Initié par deux enfants du pays -Seydou Boro et Salia Sanou, deux chorégraphes de réputation internationale qui oeuvrent depuis des années en faveur de la professionnalisation de l'art chorégraphique en Afrique-, ce bel édifice dédié à la danse contemporaine mais aussi à d'autres disciplines artistiques est situé dans l’un des quartiers populaires de la ville. Son inauguration en grande pompe marquait également le début de la sixième édition de la biennale « Dialogue de corps », l’un des plus intéressants festivals internationaux du genre dans la région, dont les deux compères sont à l'origine. Tout avait donc si bien commencé et la fête promettait d’être belle. Seulement voilà. Trois jours après que les premières compagnies invitées se sont déployées sur les planches de la très belle salle de spectacle toute neuve, Ouagadougou s’est mis à vibrer non plus, hélas, sur les pas de danse, mais plutôt sous le bruit des bottes et des mitraillettes. Une pluie de tirs, de balles et de terreur déversée par les militaires en riposte à une fusillade menée contre eux la veille par des éléments de la police. Bilan de ces folles nuits du 19 et 20 décembre derniers : 6 morts (plus du double selon l'homme de la rue), des bâtiments publics saccagés, quelques magasins pillés, des véhicules et des commissariats incendiés et quelques centaines de détenus dans la nature. Difficile pour les organisateurs du festival de poursuivre la manifestation sous le couvre-feu alors imposé. Néanmoins, une fois ce dernier levé, toutes les compagnies ayant fait le déplacement d'Afrique, d'Europe et d'Amérique se sont unies par solidarité et ont présenté, chacune, un large extrait de leur travail. Afin de finir, malgré tout, en beauté et faire triompher l’art face à la bêtise des hommes.