UA-81212656-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/05/2006

Conversations d'une fille bien sage

-Allô ?
-C’est Moi, mon amour, ma fleur, mon étoile, ma lumière etc.
-Tiens, tiens, te re-voilà, toi. Avec tes formules à deux centimes d’euros, tes histoires à dormir debout et tes mots-doux usés, susurrés mille fois à l’oreille des poissons. Que me veux-tu encore ? Ah oui, j’ai compris : tu voudrais que je te dise que tu es le plus beau, le plus intelligent, le plus doué (en quoi déjà ?), le plus tout. Ou alors le moins tout ce que tu veux. Au choix. Mais non, mon lapin, c’est fini, terminé. Y a plus ça en magasin.
-Mmm...mais, ma chérie, ça va pas non ? T’as pété une durite ou quoi ?
-Pas du tout. Je sais parfaitement ce que je dis. Je veux que tu saches que j'en ai assez de ton égo démesuré. Assez d'entendre parler constamment de ton "charme irrésistible", de tes projets bidons, des tes rencontres, de tes exploits, de tes "fans". Je veux que tu saches que je honnis les hypocrites, les calculateurs, fussent-ils très drôles. Que je déteste autant les esprits étriqués, que ceux, comme le tien, prétendument ouverts à tout, y compris au mensonge, à la lâcheté, au vide, au rien.
-Allô ? Allô ?…. Il a raccroché. Mince ! J’avais encore tellement de choses à lui dire !!!
Et le rideau est tombé. Fin du premier acte... Et de la pièce.
-Allô maman ? Ca y est, c'est fait. Avec tes conseils à la c…, toujours à me dire comment il faut parler aux mecs, ces "drôles de zèbres venus d'une planète inconnue"! Ca m' fait une belle jambe! Me voilà encore seule maintenant ! T’es contente et fière de toi ?
-T’en fais pas ma puce. « Un de perdu et bla-bla, bla-bla et bla-bla ».

27/12/2005

J'aurais voulu être un "artiiiiiste"!

Oui, quelqu’un ma raconté ton histoire. Tu as quitté ton bout de terre désolé, un beau matin de mai. Tu as dit à ta vielle mère que tu partais faire un tour. Et tu es monté, à tes risques et périls, sur cette barque malmenée par mille et une vagues. Tu as fait la traversée vers cet autre bout de terre qui fut tien, dans une autre vie, où il semble aujourd'hui, que l’herbe soit plus verte. Ton regard fuait celui de ces enfants perdus dans les rues de la vieille ville. Tu as pris le large sans te retourner une seule fois, afin d'empêcher qu’une larme récalcitrante ne te brouille la vue. Petit à petit, tu devenais un point à l’horizon puis, tu as disparu. Saura-t-on jamais par quel miracle tu as pu échouer sur cette plage, alors qu'à quelques encablures de là, tes compagnons d’infortune rejouaient, malgré eux, la scène du Radeau de la méduse? Tu as échappé aux patrouilles, puis aux rafles, plus tard. Et te voilà à trimer du lever au coucher du soleil, pour à peine de quoi assurer le quotidien de ceux que tu as laissés derrière toi. Vient ce jour fatidique où tu t’es retrouvé menottes aux poignets, tel un criminel ou un bandit de grand chemin. Poussé, sans ménagement aucun, dans une camionnette bondée, puis dans un avion affrété spécialement pour toi et d’autres compagnons de galère. Ceux-là mêmes avec qui, je t’ai vu fouler à nouveau ton coin de sol craquelé de misère. Abattu, évitant maladroitement le regard des curieux et des passants. Moi je me trouvais là, sans trop savoir comment ni pourquoi. Témoin de ton retour forcé, au milieu de ce nulle part. Cela a duré quelques minutes seulement. Assez pour lire sur ton visage la détresse, l’incompréhension et toutes les peines de la terre. Je pense à toi souvent. Je me demande ce que tu deviens. Je me demande si tu entends encore chanter les oiseaux ou si les effluves des champs parfumés d’à côté parviennent jusqu’à toi. Et je ne me remets toujours pas, de n’avoir pas le talent d’un Géricault ou d’un Doisneau. Car de l’expression de tes yeux, ce jour là, j’en aurais fait un chef-d’œuvre que je t'aurais offert, volontiers, en guise de consolation.