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07/11/2005

Un son qui vient de l'intérieur

C’était un 07 novembre, au petit matin, lorsque ce bébé tant attendu a, enfin, pointé le bout de son nez. Voilà trois jours et trois nuits, que toute les femmes du village font bloc autour de la maman, pour la soutenir et implorer en chœur le ciel, afin qu’il leur fasse don du précieux événement. La maison est quasiment assiégée pour la bonne cause. Chaque mouvement, chaque cri de douleur de celle qui s’apprête à donner la vie, est ressenti individuellement par chacune de toutes ces femmes. On s’active et on invoque à gorge déployée, les dieux, les morts et les vivants. On psalmodie et on chante surtout, sans interruption, des mélodies connues depuis des temps immémoriaux. Des mélodies remplies d’amour, des pages entières où se cristallisent, chaque minute, chaque seconde qui passe, toute une culture, toute une histoire. Une histoire à transmettre, de génération en génération, une histoire à écrire. Dehors, tout est calme. Seuls les oiseaux participent à ce concert particulier. L’herbe respire sous la rosée du jour naissant et le soleil se prépare à libérer ses premiers rayons. Soudain, sur les notes douillettes d’une partition non écrite, j’ai franchi la porte du monde. Et j’ai poussé mon premier cri. Et vous me demandez pourquoi j’aime la musique ?

01/11/2005

Le vieil homme et l'amour

Il était une fois un abbé, dont la foi et l’amour chevillés au corps ont conduit à vouer sa vie entière aux gueux et aux laissés-pour-compte, que notre société récuse et méprise. Un homme d’Eglise et d'action, agitateur d'idées à la langue divinement bien pendue, qui n'a peur de rien ni de personne, chouchou des médias et de l’opinion publique. Un homme qui, par ces positions audacieuses vis-à vis de son institution, a réussi le tour de force de demeurer, à la fois, un amoureux et "un insurgé de dieu " hors pair. Sans que personne n'y trouve à redire. Un être d'exception donc, comme il y en a un par siècle, et encore ! Vous avez compris : il s'agit d’Henri Grouès, l'homme de l'Appel de l'hiver 54, que l’on connaît tous sous le nom d’Abbé Pierre, dont le dernier livre, « Mon dieu… pourquoi ?», paru le 27 octobre dernier chez Plon, ne manquera pas de faire parler. Que dit Monsieur l'Abbé dans cet ouvrage sous-titré « Convictions, interrogations et indignations sur la foi chrétienne »? Il confesse, entre autres, sans ambages et en toute sérénité, qu’il a cédé à l’appel de la chair, au désir sexuel. Et c’est, tout aussi simplement, sans aucune gêne et avec une renversante lucidité, qu’il aborde tous les sujets tabous au sein de l’Eglise. Des sujets, faut-il le rappeler, d’une brûlante actualité : le mariage des prêtres, celui des homosexuels et leur désir d’enfants, l’ordination des femmes… Autant dire, qu'une fois encore, le fondateur d’Emmaüs jette un gros pavé dans la marre opaque de la pensée chrétienne. Puisqu'on le sait, ce n'est pas la première fois qu’il essaye, avec l'intelligence qui le caractérise, de dépoussiérer l'Eglise catholique, de bousculer les idées reçues et de forcer le débat, en prenant tout le monde de court. Peut-être aurais-je dû vous dire, d’emblée, que je ne suis pas chrétienne et que cela n’a aucune importance. Car, tout ce qui a attrait à Dieu et à la religion en général, m’inquiète plus que ça ne me rassure. D'où ma méfiance. J’aurais dû vous dire aussi, que si tous ces sujets étaient abordés par un autre que l’abbé Pierre, j’aurais fait comme la majorité des gens, c’est-à-dire, RIEN. Mais que voulez-vous, j’aime, moi aussi, ce vieil homme de 93 ans, qui déclare souhaiter que l’on écrive sur sa tombe : « Il a essayé d’aimer ». Quelle leçon! Je suis littéralement fascinée par son courage, sa force et sa grandeur d’âme. Je l’aime parce qu’il est avant tout un insoumis, un homme libre, droit dans ses bottes, qui défend une certaine idée que je partage, de la paix, de la justice, de la démocratie et, par-dessus tout, de l'amour entre les hommes.